Nouveau drame de la migration : à quand l’ouverture des frontières ?
03.09.2015
Alors que les morts se multiplient aux portes de l’Union Européenne, des voix s’élèvent pour demander l’ouverture des frontières. Que ce soit pour des raisons humanistes, qu’il est nécessaire de rappeler dans ces temps où les dirigeants politiques leur privilégient des postures électoralistes, ou pour des raisons sociales, voilà 10 bonnes raisons d’ouvrir les frontières. Raisons qu’il faut rappeler incessamment à tous ceux qui assènent des contre-vérités.
Dans un texte publié par François Gemenne et Michel Agier, ces derniers, après avoir rappelés que 40 000 migrants sont morts aux frontières entre 2000 et 2014, dont 22 000 en tentant de rejoindre l’Europe, listent dix bonnes raisons d’ouvrir les frontières.
Raison n°1 : Il est « plus rationnel, plus juste, plus sûr, d’ouvrir les frontières ».
Première raison assénée par les chercheurs, fermer les frontières n’entraîne pas une baisse des flux migratoires puisque la migration est un fait social ordinaire. Au contraire, elle amène les migrants à prendre d’avantage de risques dans leur projet migratoire.
Raison n°2 : Ouvrir les frontières pour stopper le business des passeurs.
Elle découle directement de la raison n°1. En ouvrant les frontières, les migrants prendraient moins de risques et ne cèderaient pas au business lucratif des passeurs qui n’hésitent pas à sacrifier des vies pour se faire de l’argent.
Raisons n°3 & 4 : L’ouverture des frontières n’entrainera pas un afflux massif de migrants. Au contraire, elle permettra la libre circulation des personnes et les entrées et sorties du territoire s’équilibreront spontanément
A ceux qui estiment que l’ouverture des frontières créerait un appel d’air, Michel Agier et François Gemenne rappellent que « la construction du mur entre le Mexique et les Etats-Unis n’a nullement ralenti les flux migratoires entre les deux pays, pas plus que l’ouverture de la frontière entre l’Inde et le Népal n’a provoqué d’afflux massifs de migrants ». Au contraire, ouvrir les frontières permet une plus grande mobilité c’est-à-dire que si elle permet d’entrer dans un pays, elle permet aussi d’en ressortir.
Raison n°5 : Ouvrir les frontières pour mieux connaître les migrants
Ouvrir les frontières permet de connaitre les migrants pour que la migration se déroule dans les meilleures conditions possibles.
Raison n°6 : Le droit de circuler est un droit humain fondamental
Selon l’article 13 de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. »
Raison n°7 : Pour des raisons d’égalité
Ouvrir les frontières est aussi une question d’égalité puisqu’ « aujourd’hui, le destin des uns et des autres reste avant tout déterminé par l’endroit où ils/elles sont né-e-s. C’est la fermeture des frontières qui crée cette inégalité insupportable, ce privilège du lieu de naissance. »
Raison n°8 : Pour supprimer l’immigration illégale pour un progrès social
Ouvrir les frontières rendrait impossible l’immigration illégale. Par conséquent : « les situations de précarité administrative disparaissent et les conditions de travail s’améliorent et s’harmonisent. » L’élimination de l’immigration illégale serait aussi positive d’un point de vue économique puisque «toutes les études montrent que la contribution économique à leur pays de destination est d’autant plus positive que leur situation y est sûre et légale. »
Raison n°9 : Permettre la solidarité envers les migrants
Il faut cesser la guerre aux migrants afin de permettre aux citoyens d’être solidaires et hospitaliers.
Raison n°10 : L’humanisme comme valeur politique
La dixième bonne raison est celle de l’humanisme comme valeur politique : « Parce que l’ouverture des frontières permet de réaffirmer l’unité de l’Homme. Contre toutes les formes de déshumanisation que nous ne cessons d’observer dans le monde, contre le retour de l’idée d’indésirabilité d’une partie des humains qui avait déjà marqué les années 1930 à propos des Juifs ou des exilés espagnols, nous avons le choix de redire l’unité de l’Homme et de traduire cette idée en politique. Contre le retour des effets désastreux de l’obscurantisme, il s’agit simplement de relancer l’humanisme comme valeur politique. »