Montagne d’or au Tribunal des droits de la nature
02.11.2017
Le 8 novembre 2017 à Bonn, au second jour du Tribunal international des droits de la nature, le projet minier en Guyane dit Montagne d’Or sera présenté devant des juges en charge de déterminer s’il viole les droits de la nature tels qu’établis dans la Déclaration Universelle des Droits de la Terre Mère.
Montagne d’or, qui pourrait être la plus grande mine d’or à ciel ouvert jamais construite en France, est encore à sa phase d’exploration. Depuis 2011, des forages, dans le but de déterminer les ressources en or, se font sur une zone comprise entre deux réserves biologiques intégrales. La Compagnie minière Montagne d’or, détenue par l’entreprise russe NordGold et la canadienne Columbus Gold, s’apprête à demander les autorisations pour exploiter et extraire environ 87 tonnes d’or sur 12 ans.
Un débat animé est né entre les supporters et les opposants de ce projet, autour des impacts qu’aurait cette mine d’or sur les écosystèmes, le climat, la santé publique et les droits des populations guyanaises, notamment les peuples amérindiens. Ce sont ces impacts qui vont être présentés, le 8 novembre, au Tribunal international des droits de la nature. Le juge Fernando « Pino » Solanas, sénateur argentin très actif sur le plan environnemental et notamment les questions minières, sera alors chargé de déterminer si ce méga projet minier représente une violation des droits de la nature.
Ce cas sera présenté par Marine Calmet, juriste française spécialisée dans le droit de l’environnement et consultante pour France Libertés, par l’expert Patrick Monier, et par Christophe Pierre, témoin des potentiels impacts de ce projets destructeur.
Patrick Monier, de l’association Maiouri Nature Guyane et aussi porte-parole en métropole du collectif Or de Question qui rassemble des associations guyanaises luttant contre ce projet, reviendra sur les diverses conséquences sur les écosystèmes à attendre d’un tel projet minier.
Christophe Pierre, Ka’lina de Guyane représentant la Jeunesse Autochtone de Guyane (JAG) et auteur-réalisateur, partagera avec le public et les membres du Tribunal sa vision de ce projet minier et alertera sur les méfaits qu’il aurait tant sur la nature que sur les peuples amérindiens de Guyane. Il posera notamment l’enjeu fondamental du consentement des populations. Outre tous les impacts qui menacent une Guyane faisant déjà face à beaucoup de fléaux, il est frappé par « la manière dont aujourd’hui encore on impose des choses à des personnes que l’on écoute même pas. Cela va se passer chez nous, et ce sont des gens à 8 000 kilomètres qui décident que cela va se passer chez nous, et de telle manière. ». Christophe ancre aussi son discours dans un autre rapport à la nature que la vision occidentale dominante voyant la nature comme un simple réservoir de ressources à exploiter.
« Est-ce qu’il y a un besoin vital de creuser ce trou ? Des vies en dépendent ? Il n’y a rien de vital et au contraire on risque de mettre beaucoup de choses en danger, qu’on ne saura pas réparer. »
Cette vision de la nature rejoint totalement celle portée par le Tribunal international des droits de la nature. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de ce Tribunal pour Marine Calmet, juriste française spécialisée dans le droit de l’environnement et consultante pour France Libertés : « En tant que juriste, le Tribunal international des droits de la nature, c’est la possibilité de sortir du carcan du droit occidental pour explorer de nouvelles pistes. ». Pour elle, « On change complètement de paradigme en nous plaçant du côté des droits de la Terre Mère. Le résultat est beaucoup plus proche des enjeux écologiques que nous souhaitons défendre ».