Hommage à Leïla Mustapha

Leïla Mustapha, architecte de la reconstruction physique, politique et sociale de Raqqa est décédée ce samedi 25 novembre.

C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de Leïla Mustapha, co-présidente du Conseil Civil de Raqqa de sa libération de Daech en 2017 à 2022, emportée par un cancer à l’âge de 35 ans.

Brillante ingénieure civile de formation, elle joua d’abord un rôle important dans le secours apporté aux populations pendant la guerre de l’organisation Etat Islamique, avec l’établissement et la coordination du camp de déplacé d’Ain Issa.  A la libération de Raqqa, qui fut le fief de l’organisation terroriste, à peine âgée de 30 ans, elle en devenue la co-Maire (co-présidente du conseil civil) avec la charge de reconstruire une ville détruite à plus de 80% et traumatisée par des années de terreur. Elle voulait faire de Raqqa la « Capitale de la Paix ». Elle lutta au quotidien, avec une force, une tendresse et une intelligence inouïe, pour transformer Raqqa, avec ses habitantes et habitants, malgré le manque de moyens, l’appui très limité de la communauté internationale, les résurgences de Daech, mais aussi toute la méfiance, la misogynie et le racisme qu’elle dut affronter en tant que jeune femme kurde.

Une délégation de la Fondation Danielle Mitterrand, accompagnée notamment de membres de la Ville de Grenoble et de Paris dans le cadre du réseau JASMINES, avait eu l’immense honneur de la rencontrer à Raqqa puis à Paris en juin 2021. Elle avait profondément marqué notre équipe. En conformité avec les idées qu’elle défendait, elle agissait avec une douceur, une empathie, une humanité et une détermination profondément transformatrice. Elle était l’incarnation du slogan du mouvement des femmes kurdes, qui s’est répandu partout dans le monde : « Jin Jiyan Azadi », Femme Vie Liberté !

Quelques extraits de cette rencontre : « Utopies et Résistances : 10 jours au Nord et à l’Est de la Syrie » [à partir de 19min59]

Son action remarquable avait fait l’objet d’un film documentaire « 9 jours à Raqqa » et d’un livre « Femme, Vie, Liberté » que nous recommandons chaudement. Elle avait reçu de nombreux prix pour son action : Prix du Jury du Maire du Monde, Prix de la Laïcité, Prix européen d’architecture.

Raqqa, le Nord et l’Est de la Syrie, le peuple kurde mais aussi toutes celles et tous ceux qui luttent pour un monde plus juste, perdent une grande dame. Elle restera à jamais dans nos cœurs.

Nos pensées vont vers ses proches et sa famille.

L’équipe de la Fondation