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« Les gouvernements placent les intérêts économiques au-dessus des droits des peuples autochtones »

04.10.2017

Témoignages autochtones [1/4]. 10 ans après l’adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones par les Nations unies, où en est-on ? Patricia Gualinga, Sarayaku, témoigne.

La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (la DNUDPA) a été adoptée par l’Assemblée Générale des Nations unies le 13 septembre 2007, après 25 ans de négociations entre les États, les acteurs internationaux et les peuples autochtones eux-mêmes. Ce texte est devenu la référence de l’ONU pour le respect des droits des peuples autochtones. Il affirme leur droit à l’autodétermination, au choix de leur développement, à la sécurité de leurs terres, ressources naturelles et savoirs traditionnels.

Par sa nature-même de « déclaration », ce texte est porteur d’une force morale mais n’a pas de valeur juridique contraignante. Il est donc difficile d’inciter les États récalcitrants à l’appliquer.

En 2017 sont célébrés les dix ans de l’adoption de la DNUDPA. France Libertés laisse la parole aux autochtones, les mieux à même de témoigner des avancées obtenues par la Déclaration et des combats qui restent à mener.

patricia-gualinga - amazonwatch

Patricia Gualinga

Patricia Gualinga est une leader du peuple Kichwa de Sarayaku, en Équateur. Actrice importante de la lutte des peuples autochtones pour leurs droits, elle est aussi l’une des protagonistes des récentes victoires des Sarayaku auprès de la Cour interaméricaine des droits de l’homme.

En effet, les Sarayaku sont impliqués dans l’arrêt de la Cour interaméricaine des droits de l’homme du 25 juillet 2012, une décision très importante pour les droits des peuples autochtones, puisqu’elle qualifie le droit à la consultation préalable, libre et informée de principe général du droit international. La Cour reconnait également l’existence de titulaires collectifs des droits reconnus par la Convention interaméricaine.

Ainsi, l’État Équatorien est condamné pour ses actes mais aussi pour ses omissions qui ont permis à la CGC, une compagnie pétrolière, de s’installer sur des terres Sarayaku reconnues, sans avoir jamais garanti à ces derniers leur droit à la consultation. Cet arrêt marque l’obligation pour les États de s’organiser de manière à pouvoir garantir ce droit, en conformité avec les standards internationaux en la matière, et ce dès les premières étapes du projet.

Manifestation pour les droits des Sarayaku, 2014

Manifestation pour les droits des Sarayaku, 2014

Patricia Gualinga explique que les Sarayaku « se sont saisis des droits des peuples autochtones comme outil pour défendre leur territoire national, dans la sphère politique ou médiatique, ainsi que devant la justice ». Elle voit le bilan de la DNUDPA comme globalement positif, reconnaissant que ce texte a été un bon outil, tant au niveau international que national, ainsi que « dans les médias, où les leaders et dirigeants ont pu revendiquer la Déclaration pour dénoncer les violations des droits des autochtones. »

Cependant, il existe toujours des difficultés avec sa mise en application. « Les gouvernements placent les intérêts économiques au-dessus des droits des peuples autochtones, qu’ils continuent de violer, notamment par l’exploitation des ressources de nos territoires ».

Patricia Gualinga et son peuple continuent de se battre quotidiennement pour que leurs droits soient reconnus.