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Gaz de schiste, une menace pour l’eau

12.07.2012

logo_schiste2.jpgFrance Libertés se mobilise contre l’exploitation des gaz de schiste.

Face à l’épuisement annoncé des réserves de pétrole, l’extraction d’hydrocarbures non-conventionnels, notamment d’huiles et gaz de schiste, est présentée par les industries pétrolières et gazières comme une solution pour repousser cette échéance. Les gaz de schiste seraient une énergie de transition entre un système énergétique fondé sur les énergies fossiles et un système énergétique fondé sur les énergies renouvelables. Ils constitueraient une solution pour lutter contre le changement climatique.

Cependant, une analyse plus approfondie de l’impact de l’exploitation des gaz de schiste prouve qu’ils ne sont en aucun cas la solution miracle présentée par certaines entreprises pétrolières : ils représentent des risques considérables pour l’environnement et pour la santé humaine.

Le gaz de schiste est un gaz d'origine naturelle extrait à partir de terrains marneux ou argileux. Pour le récupérer, il est nécessaire de détruire la structure des roches poreuses dans lesquelles il est piégé en utilisant la technique de la fracturation hydraulique. Cette technique consiste à injecter à haute pression un fluide – mélange d’eau, de sable et de produits chimiques – dans la roche afin de la fracturer et de permettre aux huiles et gaz présents dans ces roches de s’écouler dans le puit.

Un impact désastreux de l’exploitation des gaz de schiste sur la disponibilité et la qualité de l’eau (1)

La technique de la fracturation hydraulique a un impact désastreux, tant du point de vue de la quantité d’eau utilisée que de la dégradation de la qualité de l’eau.

Chaque fracturation implique d’utiliser entre 15 et 20 millions de litres d’eau. Cette utilisation de l’eau pourrait donc rentrer en concurrence avec les autres usages de l’eau (agriculture, usage domestique…) dans les régions qui disposent de faibles réserves en eau.
Par ailleurs, l’impact des puits d’extraction de gaz de schiste sur la qualité des eaux souterraines et de surface environnante a été démontré par de nombreuses études aux Etats-Unis où on compte plus de 500 000 forages.

Cette contamination prend plusieurs formes :

–    En amont de la fracturation, des fuites toxiques peuvent découler du transport et du stockage des produits chimiques utilisés lors de la fracturation, et affecter les eaux de surface.

–    Parmi les produits chimiques injectés dans le sols, 25% sont cancérigènes, 37% sont des perturbateurs endocriniens, 40 à 50% pourraient affecter les systèmes nerveux, immunitaire et cardiovasculaire, et plus de 75% les organes sensoriels et le système respiratoire. Seules 25 à 75% des eaux injectées ressortent, le reste de l’eau peut donc se propager dans le sol et contaminer les eaux souterraines.

–    Suite à la fracturation, les eaux usées qui remontent à la surface sont chargées de produits chimiques ajoutés volontairement, mais également des contaminants naturels comme des solides dissous, des polluants organiques et des matériaux radioactifs naturellement présents dans le sol. Ces eaux usées doivent être stockées. Toute fuite ou déversement volontaire peut entraîner une pollution massive des eaux de surface.

–    La fracturation peut également entraîner directement la fuite de méthane et d’autres contaminants dans les réserves souterraines d’eau potable.

–    Enfin, une explosion d’un forage, entraînant une pollution massive des eaux, n’est pas à exclure.

De plus, le développement de l’industrie d’extraction des gaz du schiste entraîne des émissions de gaz à effet de serre et de polluants supérieures à celles de l’extraction des gaz et pétroles conventionnels. L’analyse du cycle complet de production du gaz de schiste prouve qu’il est loin d’être une énergie fossile propre pour l’environnement et la santé humaine et ne peut en aucun cas être considéré comme une solution satisfaisante pour lutter contre le réchauffement climatique.

En acceptant l’exploitation des gaz de schiste, nous nous accrochons à l’espoir de pouvoir maintenir notre modèle énergétique actuel fondé sur les énergies fossiles et à la surconsommation et nous retardons la nécessaire transition énergétique.

(1) Source : Food & Water Europe, Fracking: the new global water crisis, Mars 2012, https://documents.foodandwaterwatch.org/doc/FrackingCrisisEU.pdf


Actions de France Libertés

En 2010, le gouvernement français a accordé en catimini 64 permis d’exploration des gisements de gaz de schiste en France. Face à ce déni complet de démocratie et aux dangers de la technique de fracturation hydraulique pour l’eau, France Libertés s’est associée à la mobilisation massive contre les gaz de schiste :

–    en participant aux réunions de la coordination nationale contre les gaz de schiste ;

–    en faisant pression sur les députés pour qu’ils légifèrent, annulent les permis attribués et interdisent la technique de fracturation hydraulique ;

–    en participant à des actions de sensibilisation auprès de la population ;

–    en créant la feuille d’eau « Non aux gaz de schiste » pour soutenir les collectifs citoyens ;

–    en organisant deux happenings contre les gaz de schiste le 10 mai 2011 devant l’Assemblée Nationale et le 11 juin 2011 place Saint-Michel à Paris ;

–    en participant aux convergences citoyennes à Lézan du 26 au 28 août 2011 ;

–    en soutenant en 2012 la campagne de plaidoyer européen contre « les gaz et huiles de schiste, les sables bitumineux, les gaz de houille et la fracturation hydraulique » menée par Food and Water Europe, Friends of the Earth Europe, Greenpeace et Health & Environment Alliance.

Cette mobilisation a été un succès puisque depuis le 13 juillet 2011, la France est le premier pays à interdire « l'exploration et l'exploitation des mines d'hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique ». Toutefois, les projets d’exploration n’ayant pas recours à cette technique ne sont pas abrogés. Seuls 3 des 64 permis d’exploration accordés en 2010 ont été annulés et l'article 4 de la loi du 03 juillet autorise des « expérimentations réalisées à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public ».

Il est donc essentiel de rester vigilants quant à l’exploration des gaz de schiste en France.

France Libertés appelle donc à :
–    l’interdiction totale de l’exploration et de l’exploitation des gaz et huiles de schistes et des autres hydrocarbures non-conventionnels, en France, en UE et dans le monde.

–    L’annulation des permis délivrés, sans aucune indemnisation des entreprises détenant ces permis illégitimes.

–    L’organisation d’un réel débat sur notre dépendance aux énergies nucléaires et fossiles liées à une surconsommation généralisée et sur les modalités de la nécessaire transition énergétique.

–    Un renforcement de manière générale du droit des populations à l’information, à la consultation et au consentement pour les décisions impactant leur environnement et leur santé.