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La nécessité du droit à la propriété collective des peuples autochtones pour la protection de l’environnement

02.07.2017

Cour interaméricaine des droits de l’homme

La Cour interaméricaine a lancé le mouvement en 2001, dans son arrêt Mayagna (Sumo) Awas Tingni community v. Nicaragua. Considérant que les peuples autochtones ont une relation particulière et unique avec leurs territoires et ressources, et que l’endommager entrainerait un risque pour leur survie culturelle, physique et collective, elle légalise le droit à la propriété collective de leurs territoires, terres et ressources. Elle reconnaît ainsi l’importance des coutumes et traditions autochtones, et du multiculturalisme juridique. Elle continue sur sa lancée en 2016, avec son arrêt Kalina and Lokono People v. Suriname, dans lequel elle déclare que ce droit est entièrement compatible avec la protection de l’environnement. La cour valorise ainsi les effets positifs que les peuples autochtones peuvent avoir et ont sur la protection de l’environnement.

Dans la plupart des sociétés, la nature est protégée à travers le prisme de l’homme. Ce n’est pas le cas des communautés autochtones, qui analysent l’environnement comme une entité détachée d’eux, sur laquelle ils n’ont aucun droit, encore moins celui de la détruire. Ils favorisent ainsi l’équilibre des écosystèmes au lieu de leur exploitation.

Au nombre d’environ 400 millions, les peuples autochtones possèdent légalement 11% du territoire mondial. Sur cette surface peut être trouvé 80% de la biodiversité mondiale. Ces chiffres ne sont pas anodins, et témoignent de la grande participation des peuples autochtones à la protection de l’environnement.

Ils dénoncent depuis longtemps les atteintes à l’environnement : le cri des indiens Guarani-Kaiowa du Brésil face à la déforestation, par exemple. France Libertés se place ainsi aux côtés des peuples autochtones pour faire entendre leur message : face aux défis environnementaux et climatiques actuels, écoutons les peuples autochtones !

Mais ils ne se contentent pas d’avertir, et nous montrent également la mise en pratique d’une vision de l’environnement complétement décentrée de l’homme : ils ne le protègent pas car ils en ont besoin pour produire et s’accroître, mais pour être en harmonie avec. Pour eux, la nature existe par elle-même, en dehors de son utilité pour l’homme.

Plusieurs États ont entendu ce message, tels l’Équateur ou la Bolivie qui reconnaissent des droits constitutionnels à la nature, depuis 2008 et 2009 respectivement. Cela ne se limite pas au continent sud-américain et, en mars 2017, à 5 jours d’intervalles, le Parlement néo-zélandais et la Cour Suprême de l’État de l’Uttarakhand (Inde) ont accordé la personnalité juridique à des cours d’eau. En Nouvelle-Zélande, cette reconnaissance du fleuve Whanganui comme sujet de droit constitue une grande victoire pour les Maoris, qui se battent depuis plus d’un siècle pour que la nature ait les mêmes droits qu’une personne physique.

riviere.jpgFleuve Whanganui. Photo Stuart Franklin. Magnum

Il serait grand temps que la France s’aligne sur ces mouvements et reconnaissent ses peuples autochtones, leurs droits aux territoires et ressources naturelles et leur importance dans la protection de l’environnement. D’autant plus qu’en 2017 est célébré le 10ème anniversaire de la Déclaration des Nations Unies des droits des peuples autochtones, que la France a voté, et qui déclare dans son Préambule que « le respect des savoirs, des cultures et des pratiques traditionnelles autochtones contribue à une mise en valeur durable et équitable de l’environnement et de sa bonne gestion ».