Dans les camps de réfugiés du Kurdistan, agir pour le droit à l’enfance
02.02.2017
En cercle, main dans la main, enfants arabes, yezidis, shabaks et turkmènes (minorités ethniques et religieuses d’Irak), se félicitent, sourient, échangent. Une victoire pour leurs animateurs. Le fruit de semaines de travail. Dans la cour de l’école du camp de déplacés d’Ashti au Kurdistan d’Irak, ces enfants viennent enfin de se côtoyer, de coopérer ensemble le temps d’une session d’animation. Ils viennent de faire un pas les uns vers les autres. Un petit pas mais un espoir, dans cette région où les querelles communautaires s’embrasent et l’avenir est particulièrement incertain.
Dans le camp d’Ashti mais aussi celui d’Arbat (réfugiés syriens) et de Bardarash (déplacés de Mossoul, Irak), des animateurs « France Libertés » habitant ces camps s’évertuent quotidiennement, à travers des activités d’éducation populaire, à offrir aux enfants le droit de vivre leur enfance, le droit de regarder avec espoir leurs futurs individuels et collectifs.
France Libertés est active au Kurdistan irakien notamment par l’appui au développement des politiques de jeunesse du gouvernement régional. Suite à l’arrivée massive de déplacés et réfugiés (1,9 millions de personnes !), la Fondation a souhaité contribuer à son échelle à endiguer cette crise qui pourrait avoir des conséquences désastreuses dans la région, durant de nombreuses années, voire sur des générations.
Ainsi France Libertés s’est engagée dans un programme de 3 ans débuté en septembre 2016, avec le soutien de l’Agence Française de Développement et la ville de Paris notamment, visant à développer des activités résilientes et constructives pour les enfants de neuf camps du Kurdistan.
Pour mener à bien ce projet, la Fondation travaille conjointement avec la fédération Léo Lagrange, association d’éducation populaire, et plusieurs associations locales. 36 animateurs issus des camps sont progressivement formés, salariés et accompagnés par nos deux salariés sur place, etpar des formateurs français et kurdes. De plus, nous développons des méthodes de formation et d’accompagnement spécifiques, reposant sur plusieurs principes. Notamment un, central, celui de développer le goût de l’autre, le goût des autres. Voir en l’autre une richesse, « un risque à prendre parce que tout vient de lui. Le risque d’être atteint, déstabilisé ou enrichi, déstabilisé pour être enrichi » (JF Sivadier).
Nous croyons que l’éducation (non-formelle), trop peu présente dans l’action humanitaire, est un élément indispensable vers la réconciliation puis la (re)construction personnelle et collective des enfants, de leur société et un jour de leurs territoires d’origine dans lesquels ils reviendront.
Enfin, faisant écho à notre action là-bas, en lien avec ce qu’il se passe ici et ailleurs dans le monde, nous invitons chacun, dans la construction d’une société plus juste à « ne jamais retenir l’élan qui nous pousse vers l’autre » comme le souhaitait « la mère des Kurdes », Danielle Mitterrand.