« Chaque année le plateau de Saclay et ses multiples instituts engloutissent de nouvelles vagues d’étudiant·e·s. Certain·e·s sortent du lycée, d’autres du carcan des prépas. Beaucoup amènent avec elleux l’excitation d’un nouveau lieu à découvrir et des désirs de rencontre. C’est un mélange bien dangeureux pour les gouvernants qui voient dans l’université une machine à produire des travailleur·euse·s plus ou moins diplomé·e·s, plus ou moins « excellent·e·s », mais surtout dociles et serviables. Heureusement, le dispositif est bien huilé. Les journées de cours à rallonge assurent qu’il n’y aura pas trop de temps libre pour penser et critiquer. Dans les écoles, un foisonnement d’associations se tient en embuscade pour sauter sur la moindre seconde de temps libre et le transformer en travail bénévole, où l’on apprend à gérer tout en jouant sa place dans une insidieuse hiérarchie sociale (les cool kids tiennent le bar). A la fac, la pression des notes et les multiples filières sélectives instillent un climat de compétition larvée. En quelques semaines, le ronron du train-train s’installe, les énergies sont canalisées, les désirs récupérés et mis au travail. Tout le monde gère. Tout va bien. Chacun·e est seul·e.
On se prend alors à rêver d’une autre rentrée, où les nouveaux·elles seraient accueillis pas des collectifs, des étudiant·e·s, des chercheur·euse·s qui leur montreraient comment elles et eux voient ce plateau sur lequel iels viennent de poser leurs valises. Quel rôle joue cette université ? Qu’y avait-il ici avant tout ce béton ? Quelles existences on mène, par ici ? Et on pourrait alors se rencontrer, trouver des allié·e·s avec qui penser contre ce qu’on nous impose, et penser avec conséquences. Opposer à la machine à isoler une occasion de tisser des liens qui durent.
Un appel à organiser ces « autres rentrées » a été lancé par le collectif Reprises de savoirs. Sur plusieurs campus du pays, des initiatives sont en cours d’élaboration. On est plusieurs sur le plateau de Saclay à vouloir faire quelque chose sur notre territoire, avec toutes celles et ceux à qui ça parle. Alors on vous invite, ami·e·s, allié·e·s, camarades, syndicats, associations, collectifs, à venir discuter le 16 Mai à 18h au campement de Zaclay de ce à quoi pourrait ressembler notre « autre rentrée » sur le plateau de Saclay.