Go to the main content

Le 15 février 2025 une soirée anticarcérale et anticoloniale en soutien aux prisonnier·es Kanak et Palestinien·nes est organisée par Les Timbrées à la Parole Errante à Montreuil.

La soirée

« En 2024, comme tous les ans, de nombreux soulèvements qui ont agité le monde, de la Kanaky à la Mozambique en passant par le Bangladesh, ont tous été confrontés à la prison d’une manière ou d’une autre : que ce soit à travers la répression féroce des insurgé-es, les révoltes et les évasions des prisonnier-es, ou encore les attaques sur les taules depuis l’extérieur en solidarité avec celleux qui croupissent dedans.

Liberté pour Kanaky et la Palestine !

Dès les premiers jours de l’insurrection anti-coloniale en Kanaky en mai dernier, des mutineries ont éclaté dans l’infâme prison coloniale de Nouméa construite sur les restes du bagne, ravageant plus de 90 cellules. Les feux de la révolte, un temps calmés, ont repris lors de la déportation de prisonnier-es vers la France en juin – celles-ci n’ont pas cessé depuis, tandis que le mouvement a dû faire face à un nombre immense d’incarcérations et d’autres mesures répressives. Alors que des dizaines de prisonnier-es se retrouvent enfermé-es à des dizaines de milliers de kilomètres de leurs terres, d’autres vivent une occupation quasi-militaire et les exactions quotidiennes des matons dans une prison coloniale tellement bondée que des prisonnier-es y sont enfermé-es dans des containers.

Cette année encore, comme depuis le début de l’occupation coloniale des territoires palestiniens par l’État israélien et encore plus depuis le 7 octobre, les mouvements de résistance font face à un enfermement de masse dans une société où n’importe quelle famille a déjà au moins un-e membre enfermé-e actuellement ou bien qui l’a été par le passé. Au moins, 40% des hommes palestiniens passent par la case-prison, qu’il s’agisse de la « détention administrative » permettant d’enfermer à la pelle sans même prétexter d’une quelconque justice ou des « camps de détention » militaires où règne la torture. Les femmes prisonnières, elles, sont cibles de violences de genre spécifiques dont l’objectif est de les isoler du reste de la société. Malgré tout, les prisonnier-es palestinien-nes, comme par exemple les prisonnières de la prison d’al-Damun, sont connues pour leur longue tradition de lutte inébranlable en coordination et en dialogue avec les mouvements à l’extérieur.

Le mouvement pro-palestinien à l’international s’est lui aussi retrouvé face à la menace de la prison, notamment pour des actions directes contre des fabricants d’armes fournissant le génocide depuis les États-Unis et le Royaume-Uni par exemple, ou des arrestations massives dans le mouvement des universités au printemps, par exemple aux États-Unis, en France, aux Pays-Bas, en Allemagne. Malheureusement, il ne prend pas encore pleinement la mesure de la centralité de la menace carcérale, alors même qu’ont lieu une campagne internationale pour la libération de Georges Abdallah, emprisonné en France depuis 40 ans, ou de Khalida Jarrar, à l’isolement depuis 5 mois dans une prison israélienne.

Détruisons le monde-prison

Dans ce monde-prison où l’on se retrouve aliéné-es et isolé-es les un-es des autres, le capitalisme et l’argent régissent tous nos rapports et relations et nous forcent à la survie et à la misère. La prison est conçue pour y être un monde à part, celle-ci brise donc systématiquement tout lien au monde extérieur et aux autres. Dans les geôles coloniales telles qu’en France ou en Israël, aux États-Unis ou au Chili, cet isolement est d’autant plus amplifié qu’il vise à la destruction totale et méthodique des modes de vie et sociétés colonisées. La survie y est entièrement régie par les maigres thunes qu’arrivent à se faire les prisonnier-es par la débrouille ou par une exploitation salariale qui explicite toute l’horreur capitaliste du travail.

La centralité de l’enfermement dans le maintien de ce monde qu’on souhaite voir partir en fumée est une évidence pour tout mouvement insurrectionnel conséquent. C’est ce qu’ont montré les insurgé-es solidaires de Nahel lors de l’été 2023 qui, dès les premières nuits, attaquaient la prison de Fresnes, cramaient les tribunaux et continuaient à harceler les matons par la suite. Cet élan de révolte a malheureusement été étouffé par une incarcération raciste de masse des jeunes de banlieue et l’occupation militaire de leurs quartiers. Comment prolonger ces insurrections et faire advenir les volontés destructrices et libératrices qui s’y expriment malgré la menace carcérale ?

Rompre l’isolement et apporter des thunes aux prisonnier-es : ce sont là deux nécessités dont l’on doit s’emparer si l’on veut s’opposer frontalement à l’enfer de la prison. Par là, on prépare le chemin vers la destruction totale des institutions carcérales, qui passera par la démolition physique des murs et des barbelés. La solidarité avec celles et ceux à l’intérieur est primordiale au moment où toute révolte se retrouve confrontée à un tourbillon répressif qui n’en finit jamais : les unités spéciales pour briser les émeutes, le mitard comme une « prison dans la prison », les traitements humiliants qui vont jusqu’à la torture. Notre solidarité va aux trop nombreuses personnes froidement assassinées en détention.

La deuxième moitié de l’année 2024 s’est déroulées sous le signe et le feu des révoltes anti-carcérales.

Pendant la révolution de juillet au Bangladesh, les manifestant-es envahissent la prison de Narsingdi, la ravagent complètement et libèrent quelques 800 prisonnier-es. Les manifestations se cristallisent notamment autour de la libération des prisonnier-es du mouvement, qui deviendra la première mesure annoncée par le gouvernement provisoire à la chute du régime, ouvrant les prisons de la police secrète.

Tout l’été, c’est à l’intérieur même des centres de détention et des prisons que gronde la révolte en Italie. Pas un jour ne passe sans que la situation n’explose dans un lieu d’enfermement du pays : incendies, grèves de la faim, évasions, refus de rentrer en cellule, affrontements avec les matons ou la police suivent les nombreuses morts à l’intérieur. Les mouvements anticarcéraux, autonomes et anarchistes y interviennent avec des manifestations de solidarité immédiates et régulières autour de certaines prisons pour se faire entendre et tenter d’entrer en contact avec celleux à l’intérieur, de diffuser leur parole et leurs révoltes.

Enfin, pour couronner l’ensemble, le mois de décembre voit la résurgence de la rébellion contre le régime syrien, qui ouvre toutes les prisons du régime au fur et à mesure qu’elle libère les villes et régions de son emprise. Les foules de prisonnier-es d’un demi-siècle de dictature déferlent dans les rues, y compris celleux de la prison de Saidnaya, de loin la plus redoutable, dont les sous-sols secrets cachaient des milliers de personnes emmurées vivantes, torturées et incinérées par dizaines. Certain-es n’avaient pas vu la lumière du jour depuis des décennies entières, voire y étaient né-es. Des manifestations éclatent devant les propres prisons des territoires autonomes rebelles, à Idlib comme au Rojava, où l’administration de cette dernière a dû, sous la pression, prononcer une amnestie générale et libérer nombre de prisonnier-es.

Pour que cette nouvelle année soit elle aussi marquée par les luttes contre l’enfermement sous toutes ces formes, nous souhaitions exprimer notre solidarité et complicité d’abord avec toustes celles et ceux qui subissent de plein fouet la domination coloniale : les prisonniers Kanak déportés depuis Nouméa vers les prisons de France et les prisonnières palestiniennes enfermées dans la prison israélienne d’al-Damun.

C’est dans cette optique que nous organisons une journée anticoloniale et anticarcérale le samedi 15 février à la Parole Errante (9, rue François Debergue à Montreuil) à partir de 16h. Nous vous invitons à venir écouter des témoignages et des récits sur l’insurrection en Kanaky et sa répression, discuter des luttes anticarcérales et anticoloniales, écrire des lettres aux prisonnier-es, piller notre infokiosque et les différents stands invités, manger vegan et écouter des concerts, tout ça pour nous aider à récolter des thunes pour les prisonnier-es.

Le gros de l’argent ira à la caisse antirep dédiée au soutien aux prisonniers Kanak « de droit commun » déportés dans des prisons françaises (mandats, dépôts de linge, parloirs, courriers, soutien aux proches…), tandis qu’une partie ira à nos activités de soutien aux prisonnier-es pour l’année à venir. Le reste sera réparti entre le défraiement des artistes et les cantines présentes.

Mort à la France et à toutes les colonies, longue vie à l’anarchie !

« j’vais tout casser, brûler la prison, un peu de poésie »
les timbrées« 

Au programme

16h : Écoute de témoignages et de podcast sur la situation et la répression des insurgé-es et prisonnier-es en Kanaky, suivi d’une discussion sur les luttes anticarcérales et anticoloniales
18h : Atelier d’écriture de lettres aux prisonnier-es, notamment les prisonniers Kanak déportés en France et les prisonnières palestiniennes de Damon
19h30 : Cantines vegan
20h30 : Concerts : Rok & dudu, Liz44rd et d’autres artistes surprises !
En continu : infokiosques, tables d’écriture de lettres aux prisonnier-es, tables de différents collectifs

Informations pratiques

Le samedi 15 février 2025 de 16h à minuit

A la Parole Errante de Montreuil (93)