Cet été, nous avons fait un point d’étape à Montpellier pour revenir sur la campagne citoyenne du Nouveau Front Populaire de 2024. L’occasion de faire la rencontre de Cathy et Hugo qui animent le café associatif montpelliérain, le Quartier Généreux (QG) qui fut un des hauts lieux d’engagement citoyen lors des législatives. Ce café, ouvert sur le quartier, est un « lieu qui assume de parler politique » et qui « montre qu’on peut faire autrement ». À travers des ateliers et conférences, une programmation culturelle riche et variée, des activités de solidarités avec les associations de la ville, le QG est un espace de rencontres. Alors que leur événement festif et politique a rassemblé plus de 3 000 personnes en juin, le nombre d’adhérant·es et bénévoles ne cessent de croître ! Une opportunité pour le QG de continuer à grandir et pourquoi pas tisser des liens avec les territoires ruraux et périurbains alentours pour participer à refaire basculer le «Midi brun» en «Midi rouge».
Est-ce que vous pouvez vous présenter, et nous raconter ce qui vous a amené·e au Quartier Généreux ?
Cathy : Si on remonte vraiment à l’origine, je suis plutôt une militante associative écologiste. Cette casquette-là m’a amenée à intégrer la dynamique municipaliste «Nous sommes» en 2020. Et en 2021, j’ai fait partie de l’équipe à l’origine de ce lieu. Aujourd’hui dans le QG je suis référente du groupe “capitainerie” qui s’occupe de l’organisation des bénévoles. Que ce soit l’accueil, la formation, l’organisation des plannings, les relations et les médiations aussi. Je propose parfois des temps d’animation autour des manières de mettre du soin dans le collectif.
Hugo : Moi, je suis plutôt un militant politique depuis longtemps. J’ai été dans plusieurs partis politiques, que j’ai quittés. Je suis aussi passé par la liste municipaliste «Nous sommes» et j’ai ensuite aussi participé à la création du QG. Aujourd’hui je suis co-référent du groupe communication.
Est-ce que vous voulez nous parler du QG ? Quels objectifs et rôle politique est-ce qu’il rempli au sein de la ville et du milieu militant ?
Hugo : La genèse du QG est vraiment lié à la dynamique «Nous sommes» car lors de la campagne, on a beaucoup de fois été confronté au manque de lieux disponibles pour nous ou alors à une dépolitisation manifeste des espaces et associations qu’on a pu côtoyer lors de la campagne. Donc il y a eu une volonté de créer un lieu pour nous, différent, pour montrer qu’on peut faire autrement. C’était important pour nous d’avoir un lieu qui soit accueillant, où tou·tes les militant·es, les partis ou les syndicats se sentent bienvenu·es. Ça veut dire un lieu qui assume de parler politique mais qui n’est pas forcément partisan parce que tout de suite ça met des gens de côté. Et en plus pour nous, la politique c’est vraiment quelque chose de très large. Ne serait-ce qu’avoir un lieu qui appartienne à des adhérent·es, c’est politique, le système non mercantile qu’on défend, c’est politique. Que ce soit dans nos raisonnements, ce que tu mets à la carte, comment tu ouvres ton lieu, quelles sont les tarifications que tu fais, c’est politique. C’est aussi politique qu’il y ait des événements culturels ici, qu’on parle aux habitant·es du quartier. On a 3 piliers : l’engagement, la culture et les proximités.
Cathy : C’est aussi politique que de se dire que la politique n’est pas faite que par les “politiques”. Qu’elle est faite aussi par des gens qui vont venir boire une bière, écouter un concert et participer à un atelier. Avoir un lieu ouvert ça permet à d’autres personnes aussi de mettre un pied dans la politique. Depuis l’ouverture du QG en mars 2023, on a peut être des milliers d’adhérent·es, une trentaine dans le groupe le plus actifs et quelques centaines de bénévoles. Ce lieu est très jeune, donc il est en train de se faire connaître de plus en plus, de devenir un lieu pour des réunions ou pour organiser un événement. Ça devient un lieu de référence. Et je pense que ça a été amplifié lors des élections et du rôle qu’il a eu à ce moment-là.
Hugo : Dans le milieu militant, on est plutôt bien identifié. Après l’ouverture on a organisé un événement de soutien au planning familial, du coup rapidement on s’est identifié comme un lieu féministe, assez safe. Mais on touche un spectre assez large de personnes. Dans le sens où ça ne dérange pas les associations de venir ici, mais ça ne dérange pas non plus les militant·es de partis politique ou les syndicalistes.
Cathy : Il y a une soirée que je cite souvent en exemple où au QG se sont retrouvé·es, des militant·es de Révolution Permanente, dans la salle de réunion, il y avait le collectif féministe “Nous toutes”, et il y avait aussi Parti Ouvrier Indépendant (POI). Et les grévistes d’Onet [agende chargée de la propreté du CHU] dont la lutte est au croisement de beaucoup d’enjeux féministes mais aussi de la question de classe. Cette soirée c’était une belle incarnation de ce qu’est le QG : que l’on soit une association, un syndicat, un parti politique, on peut être trotskistes, féministes ou salarié·es syndiqué·es, on peut tou.tes se croiser.
Hugo : Il y a même des élu·es municipaux qui sont venu·es ici faire les vœux et plusieurs réunions, notamment une Agora sur la féminisation de la politique. Et dans les usager·es habituel·les, c’est quand même le QG de la gauche de centre-ville qui n’avait pas encore de lieu particulier. Malgré ça, on n’est pas juste une vitrine idéale pour la gauche. On est dans le concret et puis on est un lieu physique donc on touche quand même des gens qui sont aux alentours, dans le quartier. Avec tout ce qu’on propose, que ce soit la consigne du verre, les ateliers et les conférences, les gens du coin sont les premier·es à pouvoir profiter de tout cela. Et il y a aussi une offre culturelle chouette, dont l’entrée n’est pas payante donc c’est tout public. On est aussi entré dans le Réseau Carillon qui permet à des gens qui vivent dehors de pouvoir venir dormir quand le lieu est ouvert, de boire un café ou de charger leur téléphone, etc. L’an dernier on était à la fête du quartier des “Beaux-Arts” juste à côté, on tenait la buvette lors de la fête du quartier. Il y a quand même des liens assez forts, mais on est pas là non plus pour remplacer les associations de quartier. Il faut qu’on comprenne bien qu’elle est notre position [dans cet écosystème].
Cathy : Il y a toute une partie des gens qui viennent qui ne sont pas du tout engagés dans des associations ou des partis. Ce sont des gens qui partagent plutôt nos idées mais pour autant ne sont pas forcément impliqués dans une action collective. C’est beaucoup le cas des bénévoles qui viennent et qui disent arriver à Montpellier et avoir envie de s’investir plus qui ne savent pas trop comment s’y prendre. Le QG c’est une porte d’entrée !
Hugo : Exactement ! Au gré des programmations il y a ce que tu as envie de voir mais il y a aussi ce qui vient à toi. Ce sont des thématiques ultra diversifiées mais qui créent aussi un bagage militant.
Et sur les animations, les activités et les événements qui sont proposés, est-ce que vous avez une ligne particulière ?
Hugo : On est plusieurs à être vigilant·es à vouloir quand même que la programmation fasse écho aux combats en cours, que ce soit au niveau national ou local. Beaucoup d’entre nous essaient de faire intervenir le local dans les problématiques qui sont abordées, parce que ça fait parti de nos ancrages. Même si parfois on se dit qu’on rate le coche des mobilisations nationales il y a quand même un équilibre collectif pour faire caisse de résonance.
Cathy : Le seul truc sur lequel on est à l’initiative ça va être les « jeudis politiques », des ateliers d’éducation populaire autour des courants politiques. Du coup, ça a lieu une fois par mois avec à chaque fois un courant politique qui a été présenté, développé.
Est-ce que vous avez-vous pouvez me parler des élections, de comment ça s’est passé, la dissolution et la résonance que ça a eu pour le lieu ?
Cathy : Le 9 juin, il y avait une soirée électorale au QG prévue pour les Européennes. L’idée c’était d’être ensemble, mais il n’y avait pas de gros enjeux donc je suis rentrée chez moi après l’annonce des résultats avec mes enfants. Et puis au cours de la soirée, de nombreux messages sont arrivés, et là j’ai appris pour la dissolution. Je suis retournée au QG retrouver tout le monde. Le fait que les gens ont été réunis à ce moment-là au même endroit, des gens qui se connaissaient, savaient travailler ensemble, faire des campagnes électorales, avaient l’habitude de faire des manifs, etc. On s’est dit il faut faire quelque chose. Donc il y a eu la rédaction d’une tribune pour appeler à initier un rassemblement à Montpellier, qui a pu être relayé par Reporterre. Et le lendemain, il y avait 1500 personnes au rassemblement ! On en a profité pour prendre des procurations. On avait des QR code et des formulaires pour ça. On avait créé aussi un canal Télégram que les gens pouvaient rejoindre.
Hugo : Le fait que ça vienne du QG ça a permis une circulation rapide. Comme on cultive le côté politique ici, on a un alignement collectif qui n’est pas difficile à trouver contrairement à d’autres associations qui n’avaient pas de lignes communes, qui ne savaient pas comment se positionner. Or on estimait que vu la situation, le milieu associatif devait s’emparer du sujet le plus rapidement possible.
Cathy : C’était aussi le moment où il n’y avait pas encore le Nouveau Front Populaire (NFP), justement, et donc ça ne pouvait pas être des partis qui appelaient. Et donc ça ça a fait qu’on a tout de suite était hyper central dans la mobilisation locale.
Et du coup, qu’est-ce qui s’est passé ? En quoi le QG a été central ? Comment s’est déroulée la campagne ?
Hugo : On a été galvanisé par le nombre de gens qui avait répondu à cet appel. C’était normal pour nous de continuer. Sachant qu’effectivement, on voyait bien la nécessité d’emporter “le peuple de gauche” et pas que les militant·es de partis ou les syndicalistes. Il fallait aussi une voix qui puisse convaincre un public plus large de se lancer dans la mobilisation, de quitter juste les rassemblements et les clics, mais d’aller aussi sur le terrain.
Cathy : Le QG a eu plusieurs rôles dans la campagne. Ça a été effectivement un lieu pour organiser une mobilisation de terrain, se former, etc. Mais ça a été aussi une safe place. Il y a eu plusieurs soirées où les gens ont pu exprimer leurs peurs. Ce n’était pas juste une élection comme une autre, les enjeux étaient quand même différents à titre individuel, à titre collectif parfois en mêlant les deux. On a organisé par exemple une action de création d’affiches sur ce qu’on ressentait. On pouvait lire sur les pancartes « moi en fait je vote parce que je n’ai pas la nationalité », « moi je vote parce que je veux pouvoir tenir la main de ma copine dans la rue » ça permettait aussi d’exprimer des choses qu’on ne pouvait pas forcément exprimer ailleurs. On l’a reproduit plusieurs lors des « Meeting Mi-Teuf ». Il y a beaucoup de gens qui sont venus les jours des soirées électorales, juste pour se dire je suis dans un endroit, il y a eu beaucoup de câlins, beaucoup de soutiens. C’était aussi ça qui permettait de pas être juste dans la sidération, mais de poser les ressentis et après tout mettre en action. Il y a eu un cercle de paroles en mixité choisie pour les personnes les plus impactées. Des échanges en pilates ou même une séance de méditation juste avant les résultats du premier tour.
Hugo : On faisait aussi des soirées pour faire le point sur les avancées dans notre département et dans la ville. On partait vraiment de zéro. Il fallait expliquer ce qu’est une législative anticipée. En quoi ça consiste ? Combien de temps ça dure ? etc. Donc des petits temps comme ça, sur l’aspect campagne officielle, étaient suivis de temps de formation. On partait pour montrer comment est-ce qu’on fait des collages ou des petites formations de porte à porte. Du coup, le côté militant politique a été mis vraiment à profit en mode formation. Ceux qui ont déjà fait expliquent à ceux qui veulent apprendre. Tout au long de la campagne, iI y avait des permanences de collage, les gens savaient qu’ils pouvaient passer récupérer du matériel de collage et repartir en groupe. Y avait des référent·es qui s’occupaient de lier les gens pour que ce soit des groupes assez importants avant de partir en action et de leur donner des petits itinéraires, etc. Le fait d’avoir un canal Telegram a permis aussi aux gens de proposer des actions et de trouver des compagnons pour le faire. Par ailleurs, on faisait le lien avec les coordinations de campagne des partis pour que les informations soient renvoyées et partagées.
Cathy : Tous les jours, on publiait le récap des actions proposées ici au QG, porte à porte, collage, tractage, etc. dans différentes circonscriptions comme ça, les gens motivés faisaient leur marché. Pour les formations on les a proposées, au QG lors de soirées, mais on faisait aussi des buvettes extériorisées dans certaines circonscriptions lors de meetings de candidat·es. On avait deux canaux de communication et de coordination : un groupe de discussion et le canal descendant avec un message par jour de récap.
Hugo : Notre rôle a aussi été important car on avait une réalité du terrain qui nous a permis de cibler certaines circonscriptions. Notre lecture n’était pas forcément celle des collectifs parisiens qui nous disaient où aller alors qu’ils n’avaient aucune lecture des forces locales. Ce qui fait que ça brisait parfois les circos sur lesquels ils étaient prioritaires d’aller. Même si ça a matché sur certaines circos, les stratégies étaient différentes. Il y en a qui disaient de privilégier les circonscriptions faciles à gagner mais qui ne l’étaient pas auparavant par le NFP même si au final elles étaient facilement gagnables. Alors que nous on a directement ciblé les circos où on savait qu’il y avait un match hyper serré avec le RN. Et au second tour on ne s’était pas trompé. Sur les 3 circonscriptions qu’on avait ciblées deux n’ont pas été gagnés par le NFP et une n’a été gagnée que d’un cheveu seulement ! Il faut qu’on soit stratège dans notre façon de mobiliser les gens et que les gens comprennent cet enjeu-là.
Cathy : Il y avait besoin de grosses forces vives à Montpellier car c’est un grand bassin de population. Tracter tout le quartier de Port-Marianne ou celui du Millénaire ça demande du temps et du monde. Pareil sur la partie montpelliéraine de la circonscription 8 par exemple, qui comprend une partie des Cévennes, ce sont des endroits très dense et où il y avait besoin qu’il y ait beaucoup de militant·es sur ces actions-là. Donc de fait, les gens se sont peu éloignés de Montpellier, sauf lors de moments ponctuels.
Hugo : Exactement, il y avait quand même aussi un enjeu à mobiliser les Montpelliérains, car on connaît leur base de vote. L’enjeu, c’était vraiment la mobilisation dans les urnes. Vu le temps imparti c’était moins couteux en effort de mobiliser des gens qui partagent les idées du NFP pour qu’ils aillent se déplacer que de transformer des votes. Donc on a plutôt assumé cette stratégie-là. Mais par contre la question du clivage entre notre centre-ville et les ruralités autour, elle est revenue sans cesse dans les discussions, ça a bien travaillé les cerveaux. Le fait que notre circonscription centrale dans la ville soit passée au premier tour et que ce soit aussi tendu dans les circonscriptions autour a quand même réveillé pleins de consciences. D’ailleurs on avait aussi des liens avec d’autres militant·es qui étaient plutôt dans les ruralités et qui ont fait des ponts. Je pense qu’au « Meeting Mi-Teuf » un des discours le plus impactant était celui de la lettre écrite par des militant·es des campagnes. Ça a marqué les gens. Dans la lettre le message c’était de ne pas caricaturer les campagnes en les voyant comme un terrain de fachos, qu’il avait une grande diversité, qu’il y avait aussi un gros sentiment d’abandon et qu’il fallait qu’on travaille beaucoup plus les ponts entre nous. Que de penser dans l’imaginaire collectif que c’était un terrain juste de fascistes, ça faisait que ça le devenait effectivement et ça décourageait les forces vives du coin. Et que le ressentiment et ce vote c’était lié à plein de politiques qui étaient menées depuis ces dernières années d’isolement, etc. L’appel c’était de ne pas juger trop vite, c’était un appel à venir !
D’ailleurs ce « Meeting-Mi-teuf » c’était quand même un gros temps fort de la campagne. Est-ce que vous pouvez nous raconter ?
Cathy : Avant l’entre deux tours, on s’est dit qu’est-ce qu’il faudrait faire pendant cette séquence ? On sait faire de la fête et de la politique donc faisons ça ! On s’est mis en lien avec Mama Sound qui est une productrice de festival du coin. Le « Meeting Mi-Teuf », le mot vient de Marseille. Donc on commence l’organisation sur le modèle expérimenté là-bas. Le soir des résultats du premier tour, on s’est demandé est-ce que c’est vraiment malin de faire la teuf ? Tout le monde était plombé, peut-être qu’on n’a pas envie de danser sur de la cumbia et d’avoir un DJ SET, peut-être que c’était trop décalé. Et puis finalement, on s’est dit que si, que d’autant plus ! Donc il y a eu un groupe de personnes qui ont réfléchi ensemble aux besoins : voilà il faut qu’il y ait de la com’, il faut qu’il y ait des artistes, des bénévoles, de la programmation, des intervenant·es, des autorisations qu’on a eu à moitié. Officiellement la préfecture nous a dit que c’était interdit.
Hugo : C’était intéressant toutes ces questions de savoir dans quelle mesure une initiative citoyenne peut surgir comme ça, organiser un événement d’ampleur, mais sans avoir des comptes de campagne, sans avoir d’autorisations formelles, sans inviter de partis politiques à la tribune, etc. Ça posait question mais on s’est dit que c’était notre rôle en fait, de mobiliser la société civile. Donc il fallait qu’à un moment donné, elle ait la parole dans un endroit où elle se sentirait légitime de la prendre. Et ça a été très facile d’avoir des prises de parole, l’instant politique faisait aussi que les gens voulaient s’exprimer. Du coup, lors du Meeting-Mi-Teuf, il y a eu le planning familial, Alternatiba, «Nous toutes», la Confédération paysanne, la Cimade, la LDH, qui sont venues. Le réseau d’actions sociales des quartiers prioritaires également, le Directeur du théâtre des trésors est venu aussi pour le volet plus culturel. La journaliste de Reporterre, Ricardo Parreira pour les questions liées à l’extrême droite. Il y a eu «les stupides économistes» sur le volet économique. Du côté des syndicats, il y a Sud qui a pris la parole et un petit syndicat de l’école des Beaux-Arts aussi.
Cathy : Côté fête, il y avait des fanfares, un DJ set, une rappeuse ! Et 3 000 personnes qui sont venues. Et il y a eu aussi en parallèle de la scène, des espaces plus ludiques avec un chamboule-tout politique. Et comme il restait encore une journée ou deux de campagne, on avait organisé un espace avec des ressources sur les actions qu’il était encore possible de faire dans la dernière ligne droite. Il y avait des stands d’associations aussi notamment le comité universitaire de soutien à la Palestine.
Et du coup pour après cette séquence intense, qu’est-ce que vous avez envie de porter depuis le QG à l’avenir ?
Hugo : Je pense qu’il y a un besoin de mieux connaître la menace de l’extrême droite pour s’en défendre. Du coup, ça a été quand même une période qui était assez tendue où le sujet a été cité énormément dans les boucles. Il y a quand même une violence décomplexée dans la société qui se traduit aussi près de chez nous, pas forcément au QG mais dans les environs. Il y a par exemple eu des agressions au Festival des fanfares, l’association des Sénégalais de Montpellier qui est juste à côté à Louis blanc a reçu des menaces de mort. On sent que le contexte est plus violent, c’est palpable. Donc il y a quand même un besoin déjà d’anticiper, de mieux connaître, de s’organiser, de se défendre face à l’extrême-droite. Il y a un autre point important : c’est se lier beaucoup plus avec les autres associations et collectifs pour créer une vraie dynamique de la société civile sur la ville ! Au QG on est à un carrefour, c’est une place intéressante pour organiser des événements en partenariat de manière plus régulière, être force de proposition, etc. On pourrait commencer par faire la liste des structures qui ne sont pas encore passées ici et avec lesquelles on a peu de relations pour essayer de prendre un peu de temps pour nouer des liens. Avec le «Meeting Mi-Teuf» on l’a fait avec quelques organisations, par exemple certaines associations de quartiers prioritaires nous ont sollicité·es directement. Et après il y a un volet de bataille culturelle à mener. Il va sans doute avoir un groupe de travail qui va être créé au sein du QG pour voir comment s’exporter pour justement faire le lien avec les ruralités, que le QG quitte les murs de Montpellier pour aller un peu ailleurs, ça serait bien. L’idéal ce serait de cibler des collectifs existants sur des communes plus rurales, où le RN ou l’abstention sont très forts. A partir de cette cartographie de pouvoir faire des événements festifs, de déployer des «Meetings Mi-teuf» qui parlent de sujets politiques en même temps que de faire la fête.
Cathy : Il y a vraiment eu des intentions exprimées côté QG de continuer dans l’élan. De ne pas se dire que c’est une parenthèse qui est fermée et d’approfondir les liens avec l’extérieur. L’idée c’est d’essaimer et de rompre la fracture territoriale en accompagnant aussi l’émergence de nouveaux QG sur le département et en organisant des événements politico-festifs dans des communes rurales et périurbaines de l’Hérault ! On travaille au financement d’un QG mobile pour étendre notre échelle d’action et aussi à l’organisation d’un événement départemental de lutte contre les idées d’extrême-droite pour mener la bataille des idées sur le long terme.
Et concernant les prochaines échéances électorales, les municipales de 2026 par exemple, comment vous vous projetez ?
Hugo : Je pense que ça sera plus difficile d’aborder les municipales, en tout cas de la manière dont on a abordé les législatives. Il y a quand même des enjeux beaucoup plus locaux qui font que là où on a réussi à amener des associations à se positionner lors des législatives, pour les municipales, c’est quand même une autre paire de manches de se positionner sur la commune. Mais par contre mettre des thématiques sur la table, accueillir des sujets politiques, être un lieu de réunion, former des gens sur le scrutin, enfin, il y a quand même une base qui est quand même assez colossale que le QG peut remplir. Ça peut aussi être l’inscription sur la liste électorale, motiver les gens pour les procurations, créer une implication et un engouement pour ce scrutin. Là, je pense que c’est tout à fait dans nos cordes. On peut même être une machine à créer des futur·es candidat·es, des futur·es militant·es, des futur·es votant·es, des futur·es citoyen·nes conscient·es des problématiques !