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Rencontres « Les Résistantes » 2023

04.09.2023

Lieu emblématique de lutte, le plateau du Larzac a accueilli du 3 au 5 août les rencontres des Résistantes 2023 ! Plus de 7 500 personnes et 200 associations et collectifs se sont retrouvées pour 4 jours d’ateliers, de formations, de tables-rondes et de festivités !

Un rendez-vous important pour le mouvement social et écologique

Organisées par l’association Terres de luttes, la Confédération paysanne de l’Aveyron et les Faucheur.ses Volontaires d’OGM, ces rencontres ont eu lieu dans les champs prêtés par des paysan.nes de la Société Civile des Terres du Larzac. Un choix loin d’être anodin lorsque l’on se souvient que ce territoire a vu dans les années 70 la paysannerie s’opposer victorieusement à l’implantation d’un projet militaire !

Imprégnées de la force de ce symbole, ces rencontres ont soufflé un vent d’espoir après une année de mobilisations violemment réprimées ! Sous le soleil d’été, bravant les rafales de vent et les températures glaciales, nous avons eu la chance de partager de précieux temps d’échanges et tisser des liens humains et solidaires. A la fin de ces quatre jours, 13 assemblées de lutte se sont tenues. Que ce soit autour du nucléaire, de l’eau, des forêts, de l’opposition aux constructions d’infrastructures logistiques, ces assemblées ont permis de renforcer les coalitions de luttes existantes et d’en impulser de nouvelles.

Car comme le soulignent les organisateur.ices « nous continuerons de nous battre ensemble pour ce qui nous rassemble dans les rues, comme dans les champs et les zones humides, partout où ce sera nécessaire : occuper, manifester, agir, désobéir. Nous ferons bloc contre les tempêtes néolibérales, capitalistes et répressives. La suite est à écrire ensemble. »

Source : Un vent de succès pour les Résistantes 2023 sur le plateau du Larzac ! (terresdeluttes.fr)

La Fondation : entre Assemblée des luttes pour l’eau et partage d’expériences autour du municipalisme et du pouvoir habitant

Au cours de ces 4 jours, la Fondation était présente pour co-animer différents temps, co-organisés avec certains partenaires.

Le réseau Hydre

Lors d’une de ces journées, l’Hydre fait sa première apparition. Accaparement de l’eau par les grandes entreprises d’embouteillage, gaspillage pour des loisirs luxueux, utilisation abusive et pollution par les activités extractives, nucléaires et l’agriculture intensive… les enjeux autour de l’eau sont énormes ! Face à des pouvoirs tentaculaires, ce réseau naissant propose d’articuler et d’accompagner les luttes pour l’eau. Il réunit ainsi une diversité de collectifs et d’organisations comme autant de têtes « hydro-furieuses » engagées à défendre ce bien commun ! 

Comme première manifestation de son existence, le réseau Hydre a proposé une table-ronde à la découverte de l’histoire des luttes pour l’eau. Lors de ce voyage dans le temps, nous avons appris à connaître les acquis historiques de ces luttes. Des luttes contre la construction des grands barrages sur la Loire aux batailles pour faire reconnaître le droit à l’eau, de la création de régies publiques à la naissance des Agences de l’eau, des premières luttes contre la filières du maïs irrigué aux réflexions sur les droits des rivières, partager ces héritages participe à la création d’une mémoire commune a même de nourrir les réflexions et les résistances présentes ! 

Le lendemain, suite à ce préambule, 150 personnes se sont réunies pour participer à l’assemblée des luttes pour l’eau.

Différentes propositions concrètes sont sorties de ces discussions : 

  • Réaliser des enquêtes visant à comprendre et faire connaître le fonctionnement des « baronnies locales » qui contrôlent les instances de gestion de l’eau. Des comités locaux de l’eau (CLE) aux comités de bassins, ces institutions témoignent de collusions entre pouvoirs économiques et politiques et sont souvent noyautés par la FNSEA et gangrénées par des conflits d’intérêts. Parmi les solutions évoquées au cours des échanges : la possibilité d’investir ces instances existantes pour proposer d’autres modes de gestion de l’eau plus démeaucratique.
  • Construire une interface numérique « Aquathèque » pour mutualiser et centraliser les ressources et les connaissances, et recenser les collectifs et initiatives via une carte des luttes pour l’eau en collaboration avec Reporterre.
  • Créer une coalition « Stop embouteillage » pour renforcer les actions existantes contre ces grandes entreprises et construire une demande de moratoire avant les élections européennes. Dans cet élan, une cartographie collective est déjà lancée tandis qu’une première action commune « Les vagues de la révolte » est prévue en octobre en Suisse contre Nestlé.
  • Différents groupes de travail se sont créés afin d’approfondir les connaissances, les alliances et les propositions autour des thèmes comme « eau et agriculture » « eau potable » ou encore « eau et loisirs luxueux ».

Moment historique, cette assemblée a jeté les premières bases de la création d’une plateforme d’outillage, d’accompagnement mutuel et de coordination du mouvement des luttes pour l’eau. Au fils des rencontres faites, ce réseau s’est déjà élargi et les rencontres continuent avec un prochain rendez-vous donné en octobre pour poursuivre ces réflexions sur les manières de travailler ensemble.

Pour recevoir les informations et rejoindre ce réseau naissant vous pouvez nous contacter à l’adresse suivante : wearewaterdefending@riseup.net

Lire également : « Hydro-furieux » : les défenseurs de l’eau se mettent en réseau (reporterre.net)

Aux côtés du Réseau « Actions Communes »

A quelques chapiteaux de là, se déroulait la première intervention publique du réseau « Action Commune » à l’occasion de l’animation d’un atelier sur le municipalisme et les perspectives pour 2026, notamment à partir du terreau des luttes locales. Malgré les rafales de vent et la pluie battante, plus de 150 personnes étaient présentes et la moitié d’entre elles sont restées pour discuter concrètement des méthodes et approches pour préparer les prochaines municipales dans leur commune.

Parler municipalisme au sein du festival des luttes locales n’a rien d’anodin : pour certains collectifs en lutte, accéder à la mairie permet d’arrêter des projets ou bien de poursuivre leur engagement. C’est le cas de la Montagne (Loire-Atlantique) qui a stoppé un projet d’artificialisation de zone humide en remportant l’élection municipale en 2020. Ou bien celui de Saillans où après une lutte victorieuse contre l’installation d’un Super U aux abords de la ville, les membres du collectif ont décidé de constituer une liste citoyenne pour faire face au maire sortant, seul candidat aux élections municipales qui avaient lieu quelques mois plus tard. Saillans est par la suite devenue la petite capitale de la démocratie directe !

Les luttes locales sont de vrais vecteurs de politisation autour d’enjeux d’écologie populaire et de démocratie dans un nombre croissants de communes. Elles peuvent être le point de départ pour des démarches politiques plus large, de construction d’un pouvoir habitant, de réappropriation d’enjeux concrets autour de la vie quotidienne pour retrouver du pouvoir d’agir et donner corps à d’autres avenirs désirables pour les territoires. Plusieurs militant·es en lutte contre des projets locaux étaient présent·es à cet atelier dans la perspective de faire des municipales un levier d’action et de transformation sociale.

Après une intervention de Nantes en commun définissant le municipalisme à partir des écrits de Murray Bookchin et des organisations politiques qui le pratiquent (de Barcelone en Commun aux mouvements impliqués dans l’expérience du Rojava/Nord et Est de la Syrie), nous pouvions entendre des récits et des expériences de ce qui pourrait être présenté comme un « municipalisme à la française ». Laëtitia Hamot, maire de La Crèche (Deux Sèvres), a abordé les possibilités concrètes d’engagement au cœur de luttes à l’image de celle qu’elle soutient contre les méga-bassines : positionnements transmis à la préfecture, refus d’accueil le poste de contrôle de la gendarmerie pendant une mobilisation, tribunes, etc. A cette occasion, elle nous a rappelé le rôle important joué par la mairie de Melle lors de la manifestation à Sainte-Soline en mars dernier :  en accueillant la base arrière de l’organisation de la mobilisation ainsi qu’un grand festival militant et citoyen, la Mairie s’est positionnée comme une alliée de premier ordre.

Alors que les idées d’extrême-droite continuent dangereusement de progresser, laissant présager le pire à l’horizon de la prochaine élection présidentielle, les villes et villages participatives et municipalistes pourraient assumer et amplifier ce rôle de soutien aux résistances et aux luttes.

D’ici là, il y a tout un réseau de communes en chemin de réappropriation démocratique radicale à construire ! C’est la mission que se donne le réseau Actions Communes, depuis son lancement en 2022. Lors de la dernière heure d’atelier, les participant·es se sont répartis en groupe autour des questions très pratiques pour 2026 : comment construire un programme ? Comment former une liste ? Comme préparer la victoire ? Comment présenter des listes dans toute une intercommunalité ? En effet, depuis plus d’une décennie, les communes se voient perdre de plus en plus de compétences au profit des intercommunalités, qui, en concentrant le pouvoir et les financements, deviennent l’échelle de plus en plus nécessaire à se réapproprier.

Prochaines rencontres à Melle, du 2 au 5 novembre, avec tous les collectifs présents lors des Résistantes !