La Nouvelle-Calédonie solidaire des victimes de Vale au Brésil
04.03.2019
Ce lundi 4 mars, dans le sud de la Nouvelle Calédonie, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant l’usine minière de Goro. Celle-ci appartient au géant minier Vale mis en cause dans les tragédies criminelles de Mariana et de Brumadinho au Brésil. Un témoignage de solidarité pour les victimes des ruptures de barrages de déchets miniers, mais aussi une revendication forte : alerter sur les mesures de sécurité et de prévention des risques du site minier calédonien de Goro.
A l’appel du Comité Rheebu Nuu, un rassemblement s’est tenu devant l’usine de Vale produisant du nickel dans la Province Sud, sur le site de Goro. Des membres du syndicat USTKE Vale, de l’association environnementale Action biosphère et de la tribu kanak de Goro étaient au rendez-vous.
Le Comité Rhebuu Nuu, partenaire de la Fondation France Libertés, est investi depuis des années dans le dialogue avec Vale, et notamment dans le suivi des engagements de l’entreprise sur les plans environnementaux et sociaux. Quand, en 2015, le barrage de déchets miniers de Vale s’effondre au Brésil à Mariana faisant 19 morts et provoquant la plus grande pollution de l’histoire du pays, l’inquiétude est majeure pour les communautés vivant aux alentours du site minier de Nouvelle Calédonie. En 2018, France Libertés s’était rendue dans la tribu de Goro dans le cadre d’un Congrès portant sur droits des peuples autochtones. C’était l’occasion d’échanger avec les Kanak autour de notre campagne de solidarité avec le peuple autochtone brésilien Krenak impacté lourdement par cette rupture de barrage minier de 2015. Le Comité Rheebu nuu avait alors manifesté sa solidarité avec ce peuple victime des conséquences de la folie extractiviste cherchant le profit quel qu’en soit le prix.
La nouvelle rupture de barrage de déchets miniers fin janvier 2019 à Brumadinho dans la même région au Brésil a ravivé les inquiétudes. Ce nouveau crime de Vale a provoqué un désastre humain majeur, 169 morts et presque autant de disparus à ce jour et une pollution massive par les boues toxiques détruisant tout sur le passage. Là encore, un peuple autochtone est dramatiquement touché, les Pataxo Hã-hã-Hãe. Pour eux, cette rupture de barrage de déchets miniers, c’est « la mère nature qui vomit ce que l’homme blanc fait ».
Face à ces deux ruptures de barrages de Vale au Brésil, le Comité Rhebuu Nuu souhaitait donc affirmer à nouveau sa pleine solidarité avec les peuples autochtones durement impactés, les Krenak et les Pataxo Hã-hã-Hãe, et plus largement l’ensemble des victimes de ces crimes.
Suite à la mobilisation, plusieurs personnes ont été reçues par le directeur du site minier Antonin Beurrier pour aborder la question de la sécurité du site minier calédonien. Comme l’explique le Comité Rheebu Nuu dans son appel « le comité a toujours dénoncé les risques environnementaux posés par l’immense fosse minière creusée sur le plateau de GORO ainsi que les risques liés au barrage de la KWE Ouest. Certes, des contre-expertises ont été réalisées pour étayer et conforter les mesures de sécurité et de prévention prises par l’industriel et la province sud. Mais il faut en convenir, rien n’est garanti. » Face à l’impossibilité du risque zéro, le Comité a échangé avec les responsables de Vale sur les questions liées à la prévention des risques et plus généralement à la sécurité du site. Suite aux échanges, le comité s’est déclaré plutôt satisfait de l’écoute et des engagements pris par le PDG, notamment quant à la possibilité de réalisation de contre-expertises indépendantes. Les acteurs restent toutefois très vigilants et mobilisés.
Les cas de Mariana et de Brumadinho nous montrent que Vale était parfaitement consciente des risques et des défaillances de ses barrages. Un choix est opéré, celui de dégager des profits au détriment des droits humains et environnementaux, et ce dans l’impunité la plus totale. C’est parce qu’il y a eu négligence que nous qualifions ces deux événements de crimes. Lorsque les projets miniers sont déjà en place, il est donc essentiel de mettre la pression aux industriels pour augmenter les mesures de sécurité, exiger des études indépendantes ou des contre-expertises, proposer des mesures de prévention voire d’investissements dans d’éventuels réparations, renforcements ou changements de techniques.
France Libertés salue cette marche de solidarité en Nouvelle Calédonie avec les victimes brésiliennes et continuera son combat pour dépasser le système extractiviste provoquant de plus en plus de zones sacrifiées partout sur la planète.
A lire pour aller plus loin, un article sur la 1ère