30 ans de partenariat avec « la Voix des Jummas »
04.09.2017
Les 25 et 26 août se tenait à Saint Donat sur l’Herbasse (26) l’anniversaire des 30 ans de l’arrivée de 72 orphelins jummas en France. Une occasion de revenir sur les liens historiques qui unissent la fondation France Libertés et la Voix des Jummas (association créée par des réfugiés jummas pour défendre les droits des leurs au Bangladesh), partenaires depuis leur création respective.
Onze peuples autochtones, vivant dans les Chittagong Hill Tracts au sud-est du Bangladesh, sont réunis sous le nom de Jummas. Ils sont ethniquement, culturellement et linguistiquement distincts du reste de la population du pays. Ils représentent près de 1 million de personnes.
Depuis les années 1970, avec l’indépendance du Bangladesh, leur territoire a vu arriver 400 000 colons bengalis. Cette colonisation de masse s’accompagne de violences physiques et sexuelles, d’incendies, d’expulsions. Le conflit fait 10 000 victimes et plus de 100 000 familles ont fui leurs territoires. Beaucoup de Jummas se sont réfugiés en Inde, en Australie, en France.
Danielle Mitterrand est une des premières voix françaises à dénoncer le génocide des Jummas, dès 1986. L’année suivante, elle aide à la venue en France de 72 orphelins jummas, aux côtés de Partage avec les enfants du Tiers-Monde (association qui parrainait l’orphelinat bouddhiste avant que ces occupants ne soient forcés de fuir en Inde, dans un camp de réfugiés).
Réunion des 72 orphelins jummas, des moines en charge de l’ancien orphelinat et du roi des Chakmas (photo: Dominique Clochon)
Depuis, France Libertés a toujours soutenu les Jummas dans leurs actions et dénoncé la situation dont ils sont toujours victimes au Bangladesh, par le biais de pétitions, conférences de presse, actualités, dénonciations auprès des organes des droits de l’homme des Nations Unies…. Partenaire historique de La Voix des Jummas, la fondation a également créé un jeu, Otoktonia, dans le but de sensibiliser un plus large public à la cause des Jummas et des peuples autochtones en général. Censés sauver la planète des menaces qui arrivent sur le plateau de jeu, les joueurs sont aidés par 8 peuples autochtones, dont les Jummas. Les informations sur ce peuple présentes dans le jeu ont été écrites par Rémi Pflieger-Chakma, un des 72, également Vice-président de La Voix des Jummas.
Le weekend dernier, les enfants devenus adultes se sont réunis, en compagnie de leur famille d’adoption, leurs femmes, leurs enfants, de nouveaux venus, pour célébrer la date anniversaire de leur arrivée. Au programme jeux traditionnels, chants, danses, pièce de théâtre, retrouvailles. Mais aussi informations et échanges sur la situation actuelle dans les Chittagong Hill Tracts. Les intervenants ne sont autres que Raja Devasish Roy, roi des Chakma (ethnie majoritaire des Jummas) et Pallab Chakma (directeur de l’ONG Kapaeeng), venus spécialement du Bangladesh pour cet évènement.
Raja Devasish Roy et Pallab Chakma (photo: Dominique Clochon)
Car la situation est toujours critique, malgré l’Accord de paix signé en 1997. 20 ans après sa signature, il n’est pas respecté et mis en œuvre. Alors qu’ils prévoyaient le retour des déplacés, ceux-ci sont rentrés pour découvrir leurs terres incendiées, ravagées, occupées. Les militaires jouissent toujours d’un pouvoir très fort dans les Chittagong Hill Tracts. Le roi parle d’une certaine forme de « dictature ». Les Jummas sont persécutés par le gouvernement, tout comme les partis d’opposition et les minorités religieuses. Sans droit de réunion réel et avec un risque de représailles fort, il est compliqué pour les habitants des Chittagong Hill Tracts de réclamer le respect de l’Accord. C’est pourtant ce que le roi, France Libertés et tant d’autres continuent d’essayer d’obtenir, avec le respect de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
La fondation Danielle Mitterrand – France Libertés continuera à être attentive à la situation des Jummas dans les Chittagong Hill Tracts. Elle réclame la cessation des violations des droits humains dans cette région, ainsi que l’application des Accords de Paix, vingt ans après leur signature.