Go to the main content

Journée Mondiale des Toilettes !

19.11.2012


Une tribune du 19 novembre de la Coalition Eau.

2,5 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des toilettes. 2 millions d’enfants meurent chaque année de la diarrhée, en grande partie du fait d’un manque d’hygiène et d’assainissement. C’est la 2ème  cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. Comment, en 2012, le manque de toilettes peut-il encore tuer ? Comment ne cherche-t-on pas à tout prix à lutter contre ce scandale ?
 
En 2000, lors de l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), les Etats se sont donnés pour objectif de réduire de moitié le nombre de personnes n’ayant pas accès à un assainissement de base d’ici à 2015. Douze ans après et alors que les Nations Unies ont reconnu le droit à l’eau potable et à l’assainissement comme un droit fondamental, la situation est plus qu’alarmante. Non seulement l’objectif ne sera pas atteint en 2015 mais nous en serons bien loin ! Selon l’ONU, au rythme actuel de progression, la couverture mondiale en assainissement ne sera alors que de 67 %, bien loin des 75 % nécessaires pour atteindre la cible. Car la réalité est là : malgré l’immensité des besoins, la question des toilettes reste un sujet tabou, sous-priorisé et sous-financé.
 
Face à cette situation intolérable, les Etats doivent prendre leurs responsabilités. Il ne suffit plus de multiplier les engagements, il faut maintenant tenir ses promesses. Ce ne sont pas seulement des montants financiers qui sont en jeu, ce sont avant tout des millions de vies.
 
Alors que la France s’est engagée à renforcer sa mobilisation pour l’accès à l’assainissement et à l’eau potable pour tous, elle se doit d’être exemplaire et d’en faire une priorité politique et financière. Pourtant, la tendance de l’aide publique au développement bilatérale française pour l’eau et l’assainissement est à la baisse. Elle a fortement diminuée entre 2009 et 2010, passant de 559 millions d’euros à 364 millions d’euros. Mais le plus inquiétant est la baisse du montant des dons, de 62 millions d’euros en 2009 à 52 millions d’euros en 2010. L’aide française, en favorisant très largement les prêts (86%), cible en priorité les gros investissements en milieu urbain et les Etats solvables. Des choix qui laissent à la marge les populations les plus démunies, vivant en milieu rural ou en périphérie des villes, et les pays les moins avancés ayant les plus forts défis à relever. Pourtant, en matière d’eau et d’assainissement, la France a eu et doit encore avoir un rôle essentiel à jouer. Il en va de sa responsabilité et de sa crédibilité d’augmenter les financements pour le secteur, et d’orienter l’aide vers les populations et les pays les plus démunis.
 
L’heure n’est plus aux déclarations de bonne intention. La communauté internationale doit mettre en œuvre tous les efforts pour rattraper le retard dans l’atteinte de l’OMD pour l’assainissement. Et au-delà de l’échéance même des OMD, il est essentiel que l’assainissement soit reconnu comme une priorité de l’agenda international pour le développement post-2015. Alors que le 19 novembre se tient la Journée Mondiale des Toilettes, il est temps pour les Etats, et notamment pour la France, de tenir leurs promesses.

 

La Coalition Eau regroupe 31 ONG françaises, dont la Fondation Danielle Mitterrand-France Libertés, mobilisées pour promouvoir un accès à l’eau et à l’assainissement pérenne pour tous.