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Retour sur 25 ans d’histoire : France Libertés a lutté contre l’apartheid

05.09.2011


L'ensemble de la société humaniste s'inquiétait de la situation en Afrique du Sud. La plupart des acteurs appelaient alors à un boycott de l'achat des oranges Au milieu des années 80, Danielle Mitterrand a effectué un voyage avec l'évèque Lafond à Soweto (Afrique du Sud), juste après la révolte des enfants et le massacre qui s'en suivi.

Par la suite, France Libertés a beaucoup discuté avec Breyten Breytenbach. Ce dernier avait lancé un mouvement clandestin de résistance au régime d'apartheid, Okhela, qui devait organiser des réseaux de Blancs au service du Congrès National Africain (ANC) de Nelson Mandela.  Au même moment, Jan Breytenbach, son frère, fondateur du South African Special Forces Brigade, conduit, en Namibie, les opérations secrètes de l'armée sud-africaine.

Une amitié profonde avec Johnny Clegg (zoulou blanc) a marqué la volonté d'engagement de la Présidente de France Libertés. Ce musicien issu d'une famille aisée blanche était très ami avec le fils noir des domestiques de ses parents, il n'a jamais accepté que ce dernier ne puisse aller à l'école, et lui a transmis le soir, tout le savoir acquis pendant la journée. Les deux enfants devenus grands ont formé un orchestre ensemble, bien avant la fin de l'apartheid, certains individus refusaient déjà les comportements ségrégationistes. Ils ont beaucoup parlé de leur expérience et aidé à populariser l'idée du vivre ensemble.

Ce serait mentir que d'affirmer que nous étions présents sur le terrain aurpès des insurgés, mais nous avons travaillé dans les coulisses, pour favoriser le dialogue

France Libertés a alors utilisé toute sa force pour que la France et la communauté internationale prenne position. Selon notre habitude, le but était surtout de permettre aux acteurs de parler de la situation, et non pas, comme cela se voit encore souvent aujourd'hui, de parler à leur place.

Mais la première chose essentielle pour nous, c'était que les deux partis, le noir et le blanc, qui protestaient tous les deux contre l'apartheid discutent et travaillent ensemble. C'est pour cela que nous avons organisé deux conférences entre l'ANC conduits par Thabo Mbeki et des blancs afrikaners. La première au Sénégal et la seconde au Mali. Ces réunions ont permis de discuter de stratégies pour susciter des changements fondamentaux en Afrique du Sud, de construction de l'unité nationale, des perspectives d'un gouvernement d'une Afrique du Sud libre, etc

En juillet 87, cette rencontre a permis aux deux parties sous l'arbitrage et le témoinage de France Libertés et du gouvernement du Sénégal, de créer un climat de confiance et de travail, qui a permis la libération de Mandela.

A sa sortie de prison, Nelson Mandela a d'ailleurs jugé "Que le moment important dans cette lutte, c'était la réunion de Dakar." Il affirma même dans l'un de ses discours « Si cette rencontre (de Dakar) était possible, c'est parce que vous estimiez que la lutte contre l'apartheid était le plus grand devoir de l'Humanité, depuis la sombre époque du nazisme. Cette réunion a aidé notre pays à s'engager sur la voie d'un règlement politique négocié. Les graines semées à Dakar, en 1987, sont, aujourd'hui, en train de fleurir dans l'Afrique du Sud démocratique ».

Le Sénégal, au travers d'Abdou Diouf (Président de l'Union Africaine) et du président Léopold Senghor, chantre de la Négritude, avait jeté l'ancre de la diplomatie sénégalaise dans les eaux de la solidarité avec la majorité noire opprimée en Afrique du Sud alors que beaucoup de pays du continent avaient succombé, en cachette ou ouvertement, à la tentation de faire des affaires avec le régime de Pretoria en quête de légitimité, le Sénégal est resté constant dans sa position consistant à boycotter le régime blanc.

Par la suite, nous avons mené des projets de terrain, notamment d'éducation et de lutte contre le racisme. Danielle Mitterrand est la première personne que le président Mandela a souhaiter rencontrer lors de son séjour en France. Ils n'avaient jusqu'alors qu'échangé des lettres.

Dans le cadre de nos 25 ans, nous voulions revenir sur cette époque, notamment au travers de l'interview d'Abdou Diouf qui sera diffusée sur notre compte youtube dans les semaines qui viennent.