35 ans d’utopies – Photo #32
08.11.2015
« Ce n’était pas une tragédie ni une catastrophe. C’est un crime ! » Geovani Krenak
En 2015, le réservoir de déchets miniers de l’entreprise Samarco s’est rompu, les boues toxiques qu’il retenait se sont déversées, détruisant toutes formes de vie sur leur passage, bouleversant les écosystèmes. Ce crime est le reflet des conséquences dévastatrices de l’extractivisme effréné qui fait loi dans la région brésilienne de Minas Gérais.
Mais cette destruction du fleuve est également une blessure spirituelle profonde pour le peuple Krenak qui dénonce inlassablement ce modèle, son obsession du profit et ses effets mortifères. Accompagnés par la Fondation dans cette lutte, ils exigent que soient respectés leur droit à l’eau et leur culture.
« Notre famille, tout nitre clan, tout notre peuple a toujours vécu sur les rives du Rio Doce. J’ai beaucoup de souvenirs affectifs liés au fleuve, que nous appelons Watu. Cela signifie « la rivière qui coule », « la rivière qui parle ». Pour beaucoup de gens, c’est juste de l’eau qui coule. Pour nous, c’est comme s’il était un être vivant qui discutait avec nous tous les jours. Tout notre processus de collectivité, de guérison et de spiritualité est lié au Watu et à l’eau. […] Les gens ont oublié de se connecter à la nature, ils ont oublié qu’ils en font partie. […]
Pendant des années, notre peuple a sonné l’alerte sur tous les dégâts qui étaient causés au Watu. Avant que le barrage n’explose, ils jetaient déjà du minerai et les poissons mouraient. Le Watu se réchauffait plus que d’habitude avec les substances qui y étaient jetées. Nous allions aux débats et aux réunions pour avertir, mais personne n’en faisait cas. […] Il a fallu que tout ça arrive pour que les gens respectent le peuple Krenak.
Nous luttons contre l’exploitation minière depuis 200 ans. L’Etat de Minas est en train d’être déchiré par l’exploitation minière. Jusqu’à quand les gens vont-ils encore croire qu’ils survivront à tout cela? Parce qu’il ne faudra pas longtemps avant que nous nous battions pour un verre d’eau. » Shirley Krenak